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Climat

De nouvelles données révèlent que les conditions météorologiques extrêmes de 2024 ont entraîné des pertes sans précédent pour les entreprises canadiennes

15 mai 2025 | Par Cecilia Omole, directrice, Assurance entreprise, BAC
New data finds severe weather inflicted unprecedented losses for Canadian businesses in 2024

Le Rapport sur les risques mondiaux de 2025 du Forum économique mondial souligne que les risques environnementaux sont devenus plus intenses et plus fréquents depuis que l’organisation internationale a commencé à publier son rapport annuel il y a 20 ans. Il avertit que les phénomènes météorologiques extrêmes continuent d’être une préoccupation majeure et devraient représenter un risque encore plus important d’ici 2035. Partout dans le monde, le fardeau des phénomènes météorologiques extrêmes devient de plus en plus évident.

Au cours des quatre dernières décennies, les phénomènes météorologiques extrêmes sont devenus de plus en plus fréquents au Canada, notamment les inondations et les événements extrêmes liés à l’eau, à la glace, à la grêle et au vent. Cela s’est traduit par une forte augmentation des sinistres catastrophiques assurés.

Figure 1 : Fréquence des sinistres catastrophiques assurés au Canada. Sources : CatIQ, PCS, Bureau d’assurance du Canada (BAC)*Assurance de dommages au Canada*, Base de données des perspectives économiques mondiales du Fonds monétaire international

La figure 1 illustre clairement l’augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes au Canada depuis 1985; la différence au cours des 20 dernières années étant particulièrement frappante.

Lorsque des phénomènes météorologiques violents frappent, ils touchent des communautés entières, non seulement les particuliers, mais aussi les entreprises qui servent ces communautés. Selon les données de Catastrophe Indices and Quantification Inc., au cours de la dernière décennie, plus de 87 000 entreprises ont subi des pertes financières en raison des dommages causés par des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles. Ces cinq dernières années, les sinistres assurés pour les dommages causés aux maisons, aux entreprises et aux véhicules ont doublé, passant de 10 milliards de dollars à 20 milliards de dollars.

En juillet et août 2024, quatre phénomènes météorologiques extrêmes se sont produits. Ces événements ont entraîné plus de 7 milliards de dollars de sinistres assurés et plus de 250 000 réclamations d’assurance, soit 50 % de plus que ce que les assureurs canadiens reçoivent généralement en une année entière.

Au total, les sinistres assurés liés aux conditions météorologiques extrêmes en 2024 sont estimés à 8,9 milliards de dollars, dont plus de 1,7 milliard de dollars sont du secteur commercial.

Figure 2 : Les quatre sinistres commerciaux catastrophiques les plus coûteux en 2024 au Canada. Source : CatIQ sous licence par le BACLes entreprises doivent se préparer aux conditions météorologiques extrêmes

En plus de causer des dommages matériels, les conditions météorologiques extrêmes perturbent l’activité économique normale des communautés. Pour les entreprises, elles peuvent entraîner l’arrêt des activités et des pertes de chiffre d’affaires, et avoir des répercussions négatives sur les chaînes d’approvisionnement et la prestation de produits et services. Au-delà des pertes financières, l’atteinte à la réputation d’une entreprise constitue une menace réelle si des produits et services essentiels ne sont pas fournis en raison d’une catastrophe naturelle.

Les entreprises canadiennes sont toutes de plus en plus vulnérables aux risques climatiques et, selon la Banque de développement du Canada (BDC), les conditions météorologiques extrêmes ont déjà eu des répercussions négatives sur 31 % des PME du Canada. L’impact d’un phénomène météorologique violent peut être encore plus dramatique et aigu pour les PME que pour les grandes entreprises, car elles ont tendance à concentrer leurs actifs à un petit nombre d’endroits, contrairement aux grandes entreprises qui ont une portée mondiale et la possibilité de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement. Une enquête menée par la BDC auprès de 1 250 PME en mars et avril 2024 a révélé que les conditions météorologiques extrêmes touchent tous les secteurs de l’économie, les entreprises axées sur la fabrication, les services et les transports étant particulièrement vulnérables.

Lorsqu’une catastrophe survient, les entreprises doivent être en mesure de mettre immédiatement en œuvre leurs plans de continuité des activités afin d’éviter d’autres risques. L’une des façons d’atténuer certaines répercussions financières consiste à transférer les risques en souscrivant une assurance commerciale adéquate. Actuellement, plus de cent compagnies d’assurance commerciale se font concurrence sur le marché canadien, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2018. Dans chaque province, les entreprises à la recherche d’une couverture d’assurance ont désormais plus de choix qu’il y a cinq ans. Le marché de l’assurance commerciale reste également concurrentiel, et de nombreuses options sont offertes.

Une couverture d’assurance commerciale adéquate aide les entreprises à se remettre plus rapidement sur pied après une catastrophe naturelle. Selon un rapport de la Banque du Canada publié en février 2025, bien que l’aide gouvernementale et l’assurance privée jouent toutes deux un rôle important dans la reprise et la reconstruction après une catastrophe, on compte davantage sur l’assurance. Cette tendance s’explique principalement par la fréquence et la gravité croissantes des catastrophes naturelles au Canada.

L’assurance commerciale reste donc une première ligne de défense importante, mais le coût des sinistres assurés augmente pour les assureurs. Ce qui signifie que le coût de l’assurance augmente aussi et qu’il peut être transféré aux propriétaires d’entreprises à mesure que leur profil de risque s’accroît. Ce phénomène est encore plus marqué pour les entreprises situées dans des zones à haut risque d’inondations, de feux de forêt ou de grêle. Les entreprises doivent faire preuve de résilience face à l’augmentation des risques liés aux conditions météorologiques extrêmes. En plus de fournir des produits et services, les entreprises créent des emplois et soutiennent la viabilité économique des communautés. Si une entreprise doit fermer parce qu’elle ne peut pas se remettre d’un sinistre à la suite d’une catastrophe naturelle, cette fermeture a un impact direct sur la communauté.

Il est encourageant de constater que de plus en plus d’entreprises reconnaissent la valeur de l’assurance comme un des nombreux outils de gestion des risques. En plus de souscrire une assurance commerciale adéquate, la BDC recommande aux entreprises d’envisager les stratégies d’atténuation, de prévention et de rétablissement suivantes afin de protéger leurs actifs les plus précieux.

De plus, le BAC fournit aux propriétaires de maison de nombreux conseils, notamment pour protéger leur maison des dommages causés par les feux de forêt, les inondations, la grêle et les tempêtes de vent.

D’autres outils et mesures de soutien adaptés aux PME sont disponibles sur le site Web de l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques (IPSC) et dans son document Open for Business A Disaster Protection and Recovery Planning Toolkit for Small to Mid-Sized Business

Ce que peuvent faire les gouvernements pour atténuer les effets des conditions météorologiques extrêmes

Les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer pour aider les entreprises à renforcer leur résilience face aux changements climatiques. Cela est peut-être encore plus important maintenant, compte tenu des préoccupations économiques actuelles, en particulier pour les entreprises canadiennes qui ont des activités transfrontalières et doivent faire face à des pressions financières dues aux droits de douane qui sont maintenant imposés par les États-Unis. Le climat est un risque que les entreprises doivent continuer à gérer, alors les gouvernements devraient intervenir en leur accordant des fonds pendant cette période difficile.

Figure 3 : Dépenses fédérales consacrées au climat en milliards de dollars

Le graphique ci-dessus montre clairement le manque de dépenses fédérales dans l’adaptation au climat afin de réduire la gravité des impacts des changements climatiques, par rapport aux stratégies actuelles du gouvernement en matière d’atténuation des changements climatiques et aux crédits d’impôt. Ce niveau relativement faible d’investissement dans l’adaptation au climat laisse les entreprises canadiennes très mal préparées pour faire face aux impacts croissants des risques climatiques. En plus du financement, les gouvernements doivent réaliser des investissements durables dans les infrastructures. Tous les paliers de gouvernement peuvent contribuer en prenant les mesures suivantes :

  • Réaliser des investissements ciblés dans les infrastructures bâties et naturelles qui contribuent à protéger les communautés contre les inondations

  • Instaurer des règles d’aménagement du territoire qui garantissent que les bâtiments commerciaux ne sont pas construits dans des plaines inondables

  • Adopter les principes du programme de prévention des feux de forêt Intelli-feu de l’IPSC dans les communautés situées dans des zones à haut risque de feux de forêt

  • Mettre en œuvre les mises à jour longtemps attendues des codes du bâtiment afin de mieux protéger l’intégrité structurelle des entreprises et de garantir qu’elles tiennent compte des risques climatiques en exigeant l’utilisation de méthodes et de matériaux plus résilients.

  • Peut-être plus important encore, décourager les nouvelles constructions dans les zones identifiées comme présentant un risque élevé de catastrophe naturelle.

Les défis à venir

En cette période d’incertitude économique, notamment en raison des tensions commerciales actuelles entre le Canada et les États-Unis, le monde des affaires s’attend à devoir relever d’autres défis. Compte tenu des conditions météorologiques imprévisibles et des pressions inflationnistes, il peut être difficile pour les entreprises de planifier leur avenir. Selon le rapport mensuel sur l’inflation de février 2025 du BAC, les coûts de construction des bâtiments non résidentiels ont augmenté de 39 % depuis le premier trimestre de 2019. Ces coûts dépassent actuellement l’indice des prix à la consommation (excluant la nourriture et l’énergie).Compte tenu de ces pressions économiques, les gouvernements ont encore plus de raisons d’aider les entreprises dans leurs efforts de prévention et d’adaptation au climat, et d’investir dans les infrastructures bien avant que des efforts de reconstruction soient nécessaires.

À propos de l'auteur

Cecilia Omole est directrice de l’assurance entreprise au sein du service de développement des politiques du BAC. Dans ce rôle, elle dirige les travaux du BAC sur les politiques publiques en collaboration avec l’industrie de l’assurance, afin de trouver des solutions aux problèmes des clients commerciaux, des propriétaires d’entreprises, des groupes de parties prenantes, ainsi qu’aux préoccupations soulevées par les gouvernements et les organismes de réglementation. Cecilia Omole est titulaire d’une maîtrise en affaires publiques et internationales de l’Université York et détient le titre de gestionnaire des risques canadiens (CRM) du Global Risk Management Institute.