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Assurance entreprise

L’augmentation des catastrophes climatiques met en évidence le problème de sous-assurance de nombreuses entreprises

9 juillet 2025 | Par Cecilia Omole, directrice, Assurance entreprise, BAC; Rob de Pruis, directeur national, Relations avec les consommateurs et l’industrie, BAC
Rise in catastrophic weather events exposes issues with underinsurance for many businesses

Lorsqu’un incendie a ravagé Jasper l’été dernier, il a laissé derrière lui des dommages considérables et un profond désarroi parmi les résidents et les travailleurs de la région. Il a également mis en évidence une dure réalité : bien des entreprises n’étaient pas entièrement protégées. Par conséquent, de nombreux chefs d’entreprise prennent conscience non seulement de ce qu’ils ont perdu, mais aussi du fait qu’ils ne disposent peut-être pas d’une assurance suffisante pour couvrir leurs pertes.

L’incendie à Jasper et d’autres catastrophes récentes ont mis en lumière un problème croissant : la sous-assurance.

Dans le cas de Jasper, de nombreuses petites entreprises n’étaient pas assurées pour la valeur totale de remplacement de leurs biens, et beaucoup n’avaient qu’une couverture de douze mois en cas d’interruption des activités. Cette protection pouvait sembler suffisante au moment de souscrire une police, mais en fait, il faut souvent deux ans ou plus après une catastrophe avant qu’une entreprise puisse rouvrir.

L’incendie de Jasper n’est pas un événement isolé. C’est un avertissement.

Les primes sont réduites, mais à quel coût?

Ce n’est un secret pour personne; les entreprises canadiennes sont confrontées à des difficultés. L’inflation continue de faire augmenter le coût des produits et services. La pénurie de main-d’œuvre nuit à la productivité. L’instabilité de la chaîne d’approvisionnement demeure une réalité. Et pour les entreprises qui font du commerce transfrontalier, l’évolution des tarifs douaniers américains ajoute un stress supplémentaire.

L’assurance commerciale donne aux entreprises la confiance nécessaire pour prendre des risques, saisir de nouvelles occasions d’affaires et se développer, sachant qu’elles sont protégées en cas de problème. L’assurance commerciale n’est pas seulement un filet de sécurité, elle permet la stabilité et l’expansion.

Mais les difficultés économiques actuelles ont contraint de nombreux chefs d’entreprise, en particulier ceux des PME, à faire des choix difficiles au moment d’affecter leurs ressources limitées. Malheureusement, l’assurance peut être considérée comme un domaine où il est possible de faire des économies.

Voici le paradoxe : Les facteurs qui poussent les entreprises à réduire leur couverture, à savoir l’instabilité économique, l’inflation et les retards de livraison, sont précisément les raisons pour lesquelles ils ont besoin d’une couverture plus complète.

Un environnement à risque qui ne faiblit pas

Le risque que votre entreprise soit touchée par une catastrophe naturelle augmente. Le Canada fait face à une augmentation constante du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes qui touchent les entreprises d’un océan à l’autre. En 2024 seulement, certains des sinistres assurés les plus graves ont été causés par l’incendie à Jasper, la tempête de grêle à Calgary, les inondations dans le sud de l’Ontario et la queue de l’ouragan Debby au Québec. Les sinistres assurés attribuables à ces événements et à plusieurs autres ont battu tous les records précédents, atteignant 9,2 milliards de dollars (l’estimation de janvier 2025 était de 8,5 milliards de dollars). Les derniers chiffres pour le premier semestre de 2025 indiquent que le total des sinistres assurés dépasse déjà largement le milliard de dollars.

Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’une tendance nationale à l’augmentation des risques. À mesure que les délais de reconstruction s’allongent en raison des coûts élevés de la construction, de la pénurie de main-d’œuvre et des retards dans l’octroi des permis, le risque d’être sous-assuré augmente.

Il ne s’agit pas seulement d’une question de coût, mais aussi de temps

Une grande partie du débat public sur la sous-assurance porte sur l’évaluation des biens immobiliers : plus précisément, le fait d’assurer le bâtiment et son contenu pour un montant inférieur à leur coût de remplacement réel et de s’exposer à des pénalités de coassurance (les frais de remplacement, de reconstruction et de réparation que l’assuré doit payer de sa poche, parce qu’il n’avait pas une couverture suffisante). Il s’agit d’un problème grave que le BAC a abordé dans un article de sa rubrique Au point intitulé Êtes-vous correctement assuré? Ce que les petites entreprises peuvent apprendre d’une perte tragique.

Mais il existe un autre risque dangereux : sous-estimer le temps nécessaire à la reconstruction et à la reprise des activités.

L’assurance perte d’exploitation couvre les pertes financières subies pendant la réparation ou la reconstruction de l’entreprise. Ces coûts, qui comprennent les pertes de revenus et les frais fixes, comme le loyer et les salaires, continuent de courir même lorsque l’entreprise n’est pas en activité.

La plupart des polices standard ne couvrent que douze mois d’interruption d’activité. Mais, la reconstruction d’une entreprise prend souvent plus de douze mois. Après une catastrophe de grande ampleur, le processus peut durer 18, 24, voire 36 mois, selon l’emplacement, la disponibilité de la main-d’œuvre, les délais d’obtention des permis et les réalités de la chaîne d’approvisionnement.

Et lorsque la couverture d’interruption d’activité prend fin, cette bouée de sauvetage financière disparaît. C’est la situation qui se présente actuellement à Jasper.

Au-delà des scénarios catastrophiques, il existe d’autres raisons de veiller à ce que votre entreprise soit entièrement et correctement assurée, notamment des raisons liées à ses activités quotidiennes. Une assurance adaptée peut vous aider à garantir vos baux commerciaux, à répondre aux exigences de vos clients ou partenaires et à démontrer votre professionnalisme et votre fiabilité. Elle protège l’équipement, les stocks et les véhicules essentiels à votre activité.

Cependant, une couverture adéquate ne se limite pas à la protection des biens; elle vise également à protéger la capacité de fonctionnement d’une entreprise, et à l’aider à remplir ses obligations et à croître.

Comment savoir si votre entreprise est adéquatement assurée

La bonne nouvelle est que le marché de l’assurance entreprise au Canada est concurrentiel. Selon le courtier d’assurance mondial Marsh, les taux d’assurance entreprise ont baissé en moyenne de 3 % au Canada au cours du premier trimestre de 2025. C’est donc le moment idéal pour réévaluer votre couverture d’assurance et combler les lacunes.

Certaines entreprises ont souscrit une assurance pendant une période difficile, alors que les couvertures étaient plus coûteuses ou limitées, et elles pourraient encore détenir une protection insuffisante. Mais puisque les taux ont baissé, le moment est venu de revoir votre couverture. Vous pourriez être en mesure d’étendre ou d’améliorer votre protection, peut-être sans augmenter votre prime.

Mesures que tout propriétaire d’entreprise devrait prendre

  • Rencontrez votre représentant d’assurance chaque année : Si vos activités changent, votre assurance devrait en faire autant. Intégrez l’assurance à votre processus de planification d’entreprise.

  • Vérifiez la durée de votre couverture en cas d’interruption des activités : De nombreuses polices offrent par défaut une couverture de douze mois en cas d’interruption des activités, mais la reconstruction peut prendre plus de temps. Renseignez-vous sur les garanties de 18, 24 et 36 mois.

  • Obtenez une évaluation à jour de votre propriété : Les coûts ont changé. Assurez-vous que votre assurance reflète le coût actuel de reconstruction et qu’elle n’est pas basée sur une évaluation désuète. Faites réévaluer régulièrement votre propriété afin de suivre l’évolution du marché.

  • Comprenez votre clause de coassurance : De nombreuses polices d’assurance des biens commerciaux contiennent une qui correspond généralement à 90 % de la valeur de remplacement du bâtiment. Si vous souscrivez une assurance pour un montant inférieur, votre indemnisation pourrait être réduite proportionnellement. Par exemple, si vous n’avez assuré le bâtiment que pour la moitié de sa valeur de remplacement, vous pourriez ne recevoir que la moitié du coût des réparations, même si le bâtiment n’est pas une perte totale.

  • Magasinez et comparez les prix : Les polices d’assurance et les primes sont toutes différentes. La concurrence accrue sur le marché de l’assurance commerciale pourrait se traduire par de meilleures options de couverture. Magasinez et posez des questions.

  • Élaborez un plan de continuité des activités : L’assurance n’est qu’un aspect de la gestion des risques. Planifiez la façon dont votre entreprise réagira en cas de perturbation.

  • Appelez la ligne d’assistance sur l’assurance entreprise du BAC, au 1-844-227-5422, pour parler à un professionnel de l’assurance qui pourra répondre à vos questions générales sur votre couverture d’assurance entreprise et vous informer sur les différentes options et sur le marché.

De nos jours, la sous-assurance représente un risque plus important que le pensent de nombreux chefs d’entreprise. Il ne s’agit pas seulement du coût de reconstruction, mais aussi du temps nécessaire pour reconstruire.

Personne ne s’attend à être frappé par une catastrophe. Mais lorsqu’elle survient, il est trop tard pour vérifier votre couverture d’assurance.

À propos de l'auteur

Cecilia Omole est directrice de l’assurance entreprise au sein du service de développement des politiques du BAC. Dans ce rôle, elle dirige les travaux du BAC sur les politiques publiques en collaboration avec l’industrie de l’assurance, afin de trouver des solutions aux problèmes des clients commerciaux, des propriétaires d’entreprises, des groupes de parties prenantes, ainsi qu’aux préoccupations soulevées par les gouvernements et les organismes de réglementation. Cecilia Omole est titulaire d’une maîtrise en affaires publiques et internationales de l’Université York et détient le titre de gestionnaire des risques canadiens (CRM) du Global Risk Management Institute.


Fort de 30 ans d’expérience dans l’industrie de l’assurance, Rob de Pruis a occupé divers postes de Sdirection dans les domaines des sinistres et de la gestion des risques au sein de certaines des plus grandes compagnies d’assurances du Canada. En tant que directeur national, Relations avec les consommateurs et l’industrie, il supervise les activités des Centres d’information pour les consommateurs du BAC à travers le pays, et coordonne en interne la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles, tout en assurant la liaison avec les membres du BAC. Rob de Pruis facilite également la collaboration entre l’industrie de l’assurance et les parties prenantes pertinentes sur des initiatives et des projets spéciaux, et agit en tant que porte-parole du BAC sur les questions liées aux consommateurs.

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